Si John ou Meg de l’Angleterre diraient « pas de santé sans thé », Miguel et Maria de l’Argentine vous accueilleraient en vous invitant à partager du maté. En effet, là-bas au pays des Amérindiens Guaranis de l’Amérique du Sud, le maté est la boisson nationale que l’on prend tôt le matin jusqu’à la fin de l’après-midi.
Dès son plus jeune âge jusqu’à la fin de leur vie, les gens de Argentine, du Chili, du Paraguay, de l’Uruguay, du Brésil méridional et de la Bolivie sirotent cette boisson traditionnelle pour se retrouver en famille, entre amis, entre collègues, dans la rue, à la campagne comme en ville.
Siroter un maté en société, c’est comme prendre un pot, vivre un partage ou effectuer un acte social que refuser d’en boire serait une offense, c’est sortir du cercle. Pour nous montrer l’engouement de l’argentin envers cette boisson, notons qu’il en boit en moyenne un quintal de litres par an, contre une trentaine de litres de bières ou de vin.
Consommé amer ou sucré, le maté se boit tiède, avec un “bombilla” : cette étrange paille en aluminium ou en bois. Selon le goût, on peut aussi l’aromatiser avec de la menthe par exemple. Le maté varie selon la région ; dans la campagne, on le boit avec du lait. Pour boire traditionnellement le maté, on a besoin d’un bol à maté, d’une bombilla, d’une boîte pour l’herbe et le sucre et d’un thermos pour l’eau chaude.
Actuellement, le maté est en passe de devenir incontournable qu’en Argentine, un « circuit touristique maté » est proposé aux visiteurs pour parcourir les lieux fondamentaux de la production de maté. Pour apprécier sa force, sa robe et son arôme, un maté de qualité est méticuleusement choisi et dégusté, comme un bon millésime,
Le maté conquiert l’Europe
Quant à l’introduction du maté en Europe, l’histoire raconte que l’infusion aurait fait fureur en Espagne vers le XVIIème siècle suite aux récits des explorateurs qui en vantaient entre autres les vertus antifatigues, une fonction que nous pouvons également apprécier en consommant ce super-fruit amazonien, l’acerola. Puis, il est tombé dans l’oubli.
Vers les années 1600, la plante a été repérée par les missionnaires jésuites qui en ont cultivé dans une grande partie de l’Amérique du Sud. Ce n’est qu’en 1822 que le botaniste Auguste de Saint Hilaire classifie la plante yerba mate sous le nom scientifique Ilex Paraguarensis de la famille des Aquifoliacées, après que le chercheur Aimé Bonpland commence les premières études scientifiques, sa culture et ses usages.
En Europe, le maté n’a eu sa lettre de noblesse que récemment, quand ses propriétés ont été mises en évidence. Parmi ses vertus, on noterait que c’est un stimulant du système nerveux. Avec sa propriété diurétique et réductrice du cholestérol, il fait fureur auprès de ceux qui suivent un traitement amaigrissant.
En outre, il accroît aussi la glycolyse et la lipolyse. Une infusion miracle vous dis-je ! Comme l’acaï, cette baie miraculeuse également de l’Amérique du Sud qui vient conquérir l’Europe, le maté agirait positivement sur le système cardiovasculaire. Et en plus, les deux produits végétaux sud-américains sont également composés d’antioxydants, des atouts hyper importants pour la santé.
Actuellement, le maté s’est modernisé, l’infusion s’est transformée, des innovations font surface comme des pots à maté en silicone, supposés être plus souples et faciles à entretenir. En Allemagne, on parle de «Club-Maté» et il existe même en version bière à base de maté ou glace au maté.
La composition du maté
Comme beaucoup d’infusion à base de feuilles thérapeutiques, le maté a un taux élevé d’antioxydants, de sels minéraux et de vitamines. Quant à ses composants qui font tilt de premier abord, on signale la caféine, la théobromine et la théophylline.
Plus qu’un thé noir classique mais moins qu’un café vert, le taux de caféine contenu dans le maté serait de 1% C’est d’ailleurs cette faible mais non négligeable quantité de caféine qui lui confère entre autre ses propriétés d’antifatigue, de cardiotonique et de stimulant du système nerveux.
Dès 1964, des chercheurs de l’Institut Pasteur ont reconnu que le maté renferme quasiment toutes les vitamines nécessaires en apport quotidien tels que la caféine, les oligo-éléments, les vitamines A, B1, B3, B6, C, le sodium, le potassium, le phosphore, le fer…
Le maté en thérapeutique
En infusion, on utiliserait 4 à 5 g de feuilles séchées de maté dans 1 l d’eau. Comme il contient 1% de caféine, il est judicieux de ne pas excéder 3 à 5 tasses par jour pour éviter le trouble du sommeil. Classiquement, le maté est pris pour lutter contre la fatigue et en tant que stimulant du système nerveux. Par ailleurs, le maté est également prisé pour ses vertus énergisantes.
De l’autre côté de la mappemonde, l’ashwagandha, une plante de l’Inde qui est utilisée comme le yerba maté en médecine ayurveda, pour retrouver force, énergie et vitalité, serait en quelque sorte un approchant du maté.
Un coupe-faim idéal en adjuvent dans un régime minceur, le maté aurait encore plus d’effets s’il est pris avec du guarana. Des recherches cliniques ont conclu que la prise de ces deux éléments ralentirait l’élimination du bol alimentaire de l’estomac et augmenterait le temps de satiété des patients.
De plus, excellent bruleur de graisse comme le capsiplex, le yerba maté fait partie de ces plantes qui réduisent le taux de cholestérol. Aux dires de la littérature, ceux qui ont consommé régulièrement du maté auraient vu leur taux de mauvais cholestérol (LDL) diminué.
En médecine phytothérapique, ses propriétés diurétiques et laxatives sont aussi connues pour aider l’activation du système digestif. Quant à la théophylline, la médecine traditionnelle en use pour la stimulation du muscle cardiaque.
Actuellement, les scientifiques font des recherches sur les feuilles du yerba maté car elles possèdent de grandes quantités de différents antioxydants, tout comme le vinaigre de cidre qui nous est plus familier.
Ces substances sont reconnues pour réduire les risques de certains cancers et jouent un rôle protecteur sur le cœur et les vaisseaux sanguins.
Originellement mâchées, les feuilles de maté seraient utilisées en cataplasme pour traiter des affections cutanées en usage externe.
Les phytothérapeutes conseillent également la prise de maté pour les maladies du foie.
Boire du maté traiterait aussi les migraines, l’arthrite et des douleurs rhumatismales. En association avec l’Harpagophytum qui est une plante à propriété anti-inflammatoire et analgésique, le yerba maté et l’Harpagophytum seraient de véritables alliés pour le système locomoteur et le bon fonctionnement des articulations.
Grace aux antioxydants qu’il renferme, le maté aide également à lutter contre le vieillissement des cellules. D’ailleurs, appliqué 10 minutes en masque sur le visage, le maté aiderait à estomper les rides.
Contre-indication
A forte consommation, le maté pourrait engendrer de l’anxiété, de l’irritabilité, des nausées ou des maux de tête. Dans ces cas, il vaut mieux arrêter d’en prendre.
Avec l’éphédra qui peut augmenter les effets stimulants indésirables de la caféine, des évanouissements et même un arrêt cardiaque ont été signalés, en cas d’abus.
La préparation de la boisson miracle
Selon le goût, et pour bien profiter des propriétés positives du maté, les feuilles séchées de maté ne devraient pas excéder 14 à 17 g pour un litre d’eau, quoique les 4 à 7 grammes suffisent largement. Le temps d’infusion serait de cinq minutes à une température idéale d’infusion qui est 100°C.
Traditionnellement, le récipient est rempli plusieurs fois avant qu’on ne change les feuilles car ces dernières peuvent être infusées plusieurs fois. Toujours, selon la tradition, le maté est siroté nature et sans sucre. Mais comme il est amer, nul ne serait offusqué si on y ajoute du sucre ou si on l’aromatise.
Souvent, ses consommateurs disent que c’est le goût doux amer du maté qui lui confère ses multiples vertus car c’est de l’amer que jaillit la douceur ! On peut le boire chaud, mais il peut aussi être consommé froid ou tiède.